Le compost au potager

 

La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire prévoit que tous les ménages devront pouvoir trier leurs déchets alimentaires à partir du 1er janvier 2024 (voir l'article).  Pour celles et ceux qui disposent d'un jardin ou simplement de plantes en pots, le compostage à la maison des déchets alimentaires est une solution simple à mettre en œuvre, efficace, peu coûteuse et peu émettrice de CO2. De plus, le compost est un amendement riche qui évitera d'acheter des fertilisants du commerce et permettra donc de faire des économies.   Voir les fiches Nos poubelles débordent, compostons de l'ADEME.     Terreau versus compost Le terreau est un mélange du commerce de différentes matières minérales et organiques utilisé  comme un support de culture “prêt à planter”. D'une manière générale on retrouve dans sa composition de la litière animale (fumiers), de la fibre de bois, de l’argile, du sable, de la tourbe, des écorces ou encore des algues. Les tourbières étant en voie de disparition, on privilégiera un terreau sans tourbe qui sera plus écologique (voir le dossier sur le choix d'un terreau). On peut envisager de fabriquer son propre terreau à partir de feuilles d'arbres.   ­

­ Comparé au terreau, le compost est un produit que l'on peut qualifier d'artisanal. On le fabrique chez soi en faisant décomposer des matières organiques issues du recyclage des déchets  provenant du jardin et de la maison. Les déchetteries en produisent à partir des déchets verts, mais on obtient  en général peu d'informations sur sa composition et sa qualité. Le terreau et le compost n'ont pas les mêmes usages. Le compost sera plutôt utilisé pour amender la terre du potager et l'enrichir  en micro-organismes, en minéraux et en humus. Il est habituellement utilisé en surface. Le terreau, exempt de graines contrairement au compost, sera, lui,  essentiellement destiné aux semis et au rempotage des plantes. Au potager, il sera plutôt enfoui pour jouer son rôle de rétention d'eau et de pourvoyeur d'humus. Les deux matériaux peuvent être mélangés pour bénéficier de leurs avantages respectifs, sauf pour les semis où les graines présentes dans le compost (tomates, plantes indésirables) ne vont pas rendre les semis faciles à entretenir.   Pourquoi composter ? Composter c’est :  réduire significativement les quantités de déchets ménagers ou verts par foyer. Le compostage contribue à diminuer la quantité de déchets mis à la poubelle ou amenés à la déchèterie ramener à la terre du potager une partie des nutriments qu’on y a prélevés  par la culture des légumes, ce qui participe au maintien des éléments nutritifs disponibles limiter les intrants et devenir plus autonome pour la production de ses légumes.   Fabriquer son compost La fabrication du compost à la maison est facile sous réserve de respecter un certain nombre de principes. En effet, la décomposition des matières organiques est assurée par des micro-organismes (bactéries collemboles, …), des champignons et des vers de terre en présence d'eau et d'oxygène. Ces organismes ont leurs propres exigences pour assurer la dégradation de la matière organique dans de bonnes conditions.   Utiliser les bons matériaux La plupart des déchets du jardin, de la cuisine ou de la maison peuvent être utilisés : Jardin • résidus de culture après récolte, de préférence broyés à la tondeuse ou coupés en petits morceaux • mauvaises herbes si elles ne sont pas en graines • feuilles mortes • tontes de gazon  • BRF (broyat de branches issus de la taille des arbres ou arbustes)  Cuisine • épluchures de légumes et de fruits (y compris les agrumes) • coquilles d’œufs broyées • restes de repas (hors viande, os, poisson) ; • marc de café et sachets de thé  Maison • papier  non glacé et sans encres chimiques découpé • essuie-tout et mouchoirs  • sacs d’emballage papier ou biodégradables • carton sans encre chimique découpé en petits morceaux • fleurs fanées • litière d’animaux domestiques herbivores (pas celle du chat !). Pour des raisons sanitaires, les résidus de toilettes sèches doivent être compostés à part et n'être utilisés qu'au bout de 3 ans.   Alterner déchets bruns et déchets verts Pour faciliter la décomposition des déchets et assurer une composition adaptée du compost final, il faut assurer un bon équilibre entre les déchets verts (tontes de pelouses, épluchures de légumes, …), riches en azote et les déchets bruns (feuilles mortes, paille, BRF, …) riche en carbone. La répartition  idéale et 50/50 mais si  l’une des catégories de matières doit être en excès par rapport à l’autre, il vaut mieux que cela soit la catégorie des matières brunes qui peuvent composer sans problème jusqu’à 2 tiers du mélange à composter pour un tiers de matières vertes. L'ortie et la consoude sont de bons activateurs de compost et il est donc intéressant d'en ajouter, notamment si on manque de déchets verts.  Les déchets encombrants comme les résidus de récolte doivent être découpés en petits morceaux pour bien se décomposer. S'ils sont en trop grande quantité pour être hachés à la main, le plus simple est de les passer sous la tondeuse.    Entretenir son compost Humidité : le compost doit être maintenu humide sans excès. La solution la plus rationnelle est de le couvrir et de maintenir l'humidité avec de l'eau de pluie ou de source par des arrosages réguliers en fonction des besoins. Aération : le compost doit être aéré. Il faut donc le retourner régulièrement tous les un à deux mois mois environ. On peut aussi le transvaser d'un conteneur à un autre pour le brasser.  Il existe également des outils spécifiques pour aérer le compost (voir un comparatif). L'ajout de purin d'ortie ou de consoude tous les deux mois permet d'accélérer le processus de fermentation.   Bien positionner son composteur Le composteur doit être positionné dans un endroit du jardin où l'air circule facilement et qui est ensoleillé plusieurs heures dans la journée.  ­ ­

­ Dans quoi fabriquer son compost Pour bien se décomposer la matière organique doit être déposée en quantité suffisante de manière à ce que  la température soit suffisamment élevée pour enclencher le processus. Le volume du contenant dans lequel on va faire le compost doit donc être adapté aux quantités de déchets dont on dispose. Plusieurs techniques de composteurs peuvent être utilisées.   Le compostage de surface. Il  consiste à épandre les déchets directement sur la terre du potager. cette méthode est à utiliser si on a peu de déchets. Un griffage de surface régulier permet d'activer la décomposition. C'est la solution la plus simple et la moins contraignante pour recycler ses déchets de cuisine, de tonte, les résidus de culture ou les feuilles. Le compostage en composteur. Un composteur est un conteneur adapté pour la fabrication du compost. En bois ou en plastique, muni d'un couvercle, il se charge par le haut et le terreau mûr est extrait par une ouverture située au pied du composteur. En général on suggère d'en avoir 2 de manière à assurer le brassage du compost par transfert d'un composteur à l'autre, le brassage dans ces conteneur n'étant pas forcément très aisé . Le compostage en tas. Cette méthode est destinée aux grosses quantités de déchets végétaux. Le tas peut être libre ou réalisé entre trois palettes assemblées en U (voir une vidéo) . Dans cette technique, le brassage est aisé, l'accès aux matières étant assuré sur le pourtour du tas ou par la face avant du dispositif construit avec des palettes. Le lombricomposteur. C'est en fait un dispositif d'élevage de lombrics  que l'on va nourrir avec les déchets végétaux et dont on va utiliser le produit de la digestion. Un lombricomposteur est une cuve circulaire ou rectangulaire dans laquelle sont disposés des plateaux qui contiennent successivement en partant du haut vers le bas : les déchets frais, les déchets en cours de digestion par les vers, les résidus de la digestion des vers (compost mûr), le bac collecteur des jus. Ces jus appelés lombrithé s'utilisent comme fertilisant dilué à 10%. Voir un dossier complet. Le composteur rotatif. Il s'agit d'un dispositif du commerce dans lequel le composteur est un volume cylindrique grillagé horizontal qui peut être mis en rotation manuellement. La rotation assure un bon mélange et une bonne aération des matières organiques et accélère considérablement le processus.  La fabrication du compost se fait en continu beaucoup plus rapidement que dans les méthodes précédentes. Le compost mûr tombe sous le composteur à travers le grillage et peut être stocké ou utilisé immédiatement. On peut se procurer ce type de composteur pour un coût allant de 80 à 200€ suivant le volume et la qualité de fabrication. Voir un dossier complet. Le composteur japonais (bokashi). Ce composteur de cuisine utilise la fermentation anaérobie dans un récipient étanche pour décomposer les déchets.  Le compostage ne dégage aucune odeur, d'où la possibilité d'utiliser ce composteur dans une cuisine. La décomposition de la matière organique demande l'utilisation d'un activateur (poudre de bokashi). La décomposition des déchets organiques donne au bout de 3 à 4 semaines du digestat (déchets décomposés) et du thé de compost qui peut être soutiré grâce à un robinet et utilisé comme fertilisant dilué à 5%. Le coût de ce composteur se situe autour de 50-60 € pour un volume de 15-16l. Il est conseillé d'en disposer de 2 pour en avoir un en remplissage alors que l'autre est en cours de fermentation. Voir un dossier complet ­

­ ­ Utiliser son compost 3 kg de déchets permettent de produire environ 1 kg de compost. Une famille de 3-4 personnes produit environ 300kg de déchets compostable/an soit environ 100kg de compost. Cette quantité est suffisante pour amender 40 à 50m2 de potager.   L'utilisation efficace du compost au potager demande de respecter certaines conditions.   S'assurer que le compost est mur. L’évolution de la matière organique au cours du compostage passe par deux stades successifs : une phase de dégradation où les déchets sont dégradés une phase de maturation au cours de laquelle le compost frais se transforme en compost mûr. La dégradation de la matière organique pour atteindre le stade compost mûr est plus ou moins de temps suivant la nature des déchets et la conduite du compostage. Elle peut demander de 2 mois à un an. Un compost mûr a une composition homogène, les déchets d'origine ont complètement disparu (sauf les déchets minéraux comme les coquilles d’œufs), une structure grumeleuse et une odeur agréable. Il ressemble à du terreau du commerce. On peut le tamiser avant utilisation s'il comporte des éléments grossiers et remettre ces éléments dans une nouvelle fabrication. Un compost dont la maturité est insuffisante peut empêcher la germination des semences et compromettre le développement des jeunes plants. Un compost mûr contient environ : 50 à 60% de matière sèche (en % matière totale) 40 à 50 % de matière organique (en % de la matière sèche) 1 à 2% d'azote 1 à 2% de potasse 0,5 à 1% de phosphore. Son pH se situe entre 8 et 8,5.   L'utiliser au bon moment et à la bonne quantité Au potager, le compost est épandu à l'automne ou en fin d'hiver et incorporé au sol par un léger griffage de surface. La quantité à utiliser est de 1 à 5kg par m2 suivant les exigences des plantes qui vont être cultivées. Ces exigences sont faibles pour les carottes, les fabacées (fèves, haricots, pois, soja), les légumes feuilles (choux, salades, épinards) et fortes pour les solanacées (tomates, aubergines, poivrons, pommes de terre) et les cucurbitacées (courgettes, courges, concombres, …). On évite de fertiliser la terre avec du compost pour les cultures d'oignons pour éviter la pourriture des plants. Au printemps, pour les solanacées et les cucurbitacées, on peut aussi incorporer le compost dans le trou de plantation en le mélangeant avec la terre du fond du trou avant de déposer le plan.